Benoît Hamon passe en primaire

Le chemin de la présidentielle est encore long. Les échéances multiples. Mais  l’élection est, déjà, dans toutes les têtes. Jeudi matin, l’ancien ministre Benoît Hamon a posé son premier caillou. Il s’est livré dans les colonnes de l’Humanité. A la question «Serez-vous sur les rangs pour la présidentielle de 2017 ?», le frondeur socialiste répond : «Oui. S’il devait y avoir une primaire à gauche, je n’exclus pas d’y participer.»

Si la plupart des dirigeants socialistes attendent de voir comment va évoluer la situation de François Hollande avant de prendre position, l’aile gauche du PS avance. Mais les positions varient. Alors que Marie-Noëlle Lienemann est, elle aussi, favorable à une primaire, d’autres préfèrent miser sur une défaite de Hollande en 2017 pour renverser la table et prendre le contrôle du PS dans la foulée. Un coup de billard à trois bandes. Une seule chose met les frondeurs sur la même ligne : difficile de soutenir François Hollande en 2017.

La question de la primaire divise toute la gauche. Cécile Duflot (EE-LV) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) regardent ailleurs. Ils préparent leur candidature en solo. Pierre Laurent (PCF), Clémentine Autain (Ensemble) et certains écologistes seraient, eux, partants pour une grande primaire de l’autre gauche. En attendant, c’est le statu quo.

Et alors que de nombreuses voix appellent à dépasser le cadre des partis, citant l’exemple de Podemos en Espagne, Benoît Hamon annonce dans l’Huma la création à l’automne, avec plusieurs parlementaires, d’un nouveau mouvement «pour sublimer ce qui se passe aujourd’hui sur le terrain en matière de solidarité, d’initiative citoyenne et d’innovation démocratique». Et le socialiste d’ajouter : «Il faut sortir des grilles de lecture traditionnelles et se demander, si aux yeux des Français, le clivage gauche-droite à encore du sens. Je m’explique : pour les Français, Emmanuel Macron est un homme de gauche dans un gouvernement de gauche. En tout cas c’est comme ça qu’on l’affiche. Et Alain Juppé est un homme de droite dans un parti de droite. Pourtant, ils défendent probablement la même position sur les 35 heures ou la réforme du code du travail.»