Emmanuel Macron : « La colonisation est un crime contre l'humanité »

« La colonisation est un crime contre l’humanité. » La formulation-choc vient de l’ex-ministre de l’Économie, Emmanuel Macron. Actuellement en voyage en Algérie, le candidat d’En marche ! a accepté de répondre aux questions d’Echorouk News, notamment sur sa vision des relations franco-algériennes. Emmanuel Macron s’est alors laissé aller à une formule qui n’est pas passée inaperçue : « C’est un crime. C’est un crime contre l’humanité. C’est une vraie barbarie et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face en présentant aussi nos excuses à l’égard de celles et ceux vers lesquels nous avons commis ces gestes. » Avant d’enchaîner : « En même temps, il ne faut pas balayer tout ce passé, et je ne regrette pas cela parce qu’il y a une jolie formule qui vaut pour l’Algérie : La France a installé les droits de l’homme en Algérie, simplement elle a oublié de les lire. »

Retrouvez l’intégralité de l’entretien ci-dessous :

Virage à 180 degrés

Des propos qui s’éloignent pourtant de ses précédentes déclarations. Dans une interview accordée au Point en novembre dernier, Emmanuel Macron avait déclaré : « Oui, en Algérie, il y a eu la torture, mais aussi l’émergence d’un État, de richesses, de classes moyennes, c’est la réalité de la colonisation. Il y a eu des éléments de civilisation et des éléments de barbarie. » Une phrase qui lui avait valu de nombreuses critiques.

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Alors pourquoi une telle différence ? Le candidat explique durant l’interview à Echorouk News que les propos ont été sortis de leur contexte. Mais l’explication pourrait également se trouver ailleurs. Le Lab souligne que cette nouvelle prise de parole tranchée sur le sujet lui permet de se démarquer de ses principaux concurrents dans la course à l’Élysée : Marine Le Pen et François Fillon. Les deux refusent que seul l’aspect négatif soit mis en avant lorsque la colonisation est évoquée et ne veulent pas entendre parler de repentance. Le candidat d’En marche ! semble donc aujourd’hui plus proche de la position de l’actuel chef de l’État sur le sujet. En 2012, François Hollande avait notamment dénoncé devant le Parlement algérien un système colonial « injuste et brutal », reconnaissant également « les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien ». Emmanuel Macron lui rend d’ailleurs hommage durant son interview à Echorouk News, saluant les efforts du président pour restaurer durant son quinquennat une relation « stable » et « forte » avec l’Algérie.

La mise au point du candidat

Quelques heures après ces déclarations, Emmanuel Macron a en tout cas souhaité clarifier lui-même sa position dans une série de tweets.

Colonisation en Algérie : stop aux divisions sur ces sujets. Je ne suis ni dans la culpabilisation ni dans la dramatisation (1/4)

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 15 février 2017

Je suis le 1er responsable politique français à avoir parlé en Algérie à la fois des pieds-noirs, des harkis et de tous les Algériens (3/4)

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 15 février 2017

60 ans après, il est temps de réconcilier nos mémoires. C’est la responsabilité de ma génération, qui n’a pas vécu la guerre (4/4)

— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 15 février 2017

L’objectif de ce voyage est en tout cas assumé : à travers ce genre de déclarations fortes, Emmanuel Macron tente d’asseoir sa stature internationale et présidentielle aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Hexagone.

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