Valse de privatisations en Ukraine

Le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a interdit aux investisseurs du pays de participer à la nouvelle vague de privatisation. Il a souligné que certains accords sur ce sujet ont été validés lors de visites aux Etats-Unis et au Canada. M. Iatseniouk est certain que seuls les investisseurs étrangers doivent participer à la nouvelle période de privatisation entamée par le gouvernement, lit-on dans les médias ukrainiens. « Nous commençons une privatisation transparente et juste, c’est pourquoi nous voulons que seuls les investisseurs étrangers qualifiés y prennent part, et non les anciens oligarques ukrainiens », a déclaré le premier ministre. Selon lui, les industries énergétique et agroalimentaire, ainsi que celle des hautes technologies sont les plus attrayantes en vue de leur vente aux étrangers. Le gouvernement ukrainien a déjà approuvé la liste des biens publics qui devront être privatisés en 2015. « Lors de notre visite aux Etats-Unis nous avons convenu que la société Cargill, la plus importante des Etats-Unis, construirait un terminal GNL (gaz naturel liquéfié). Le contrat est évalué à 100 millions de dollars, ce qui équivaut à des dizaines de milliers d’emplois », a indiqué M. Iatseniouk. L’Ukraine étant « un acteur clé du marché alimentaire mondial » pourrait « définir la politique mondiale d’approvisionnement » en coopération avec les Etats-Unis et le Canada. De plus, l’Ukraine a besoin de matériels et des technologies modernes, des négociations à ce sujet sont en cours avec des partenaires américains, a précisé le chef du gouvernement.

Hollande veut un gouvernement de la zone euro

« C’est un choix que 19 pays ont fait parce que c’était leur intérêt. Nul gouvernement, d’ailleurs, depuis 15 ans, n’a pris la responsabilité d’en sortir », indique le chef de l’Etat français à propos de la monnaie unique. Le président français François Hollande a proposé de créer un gouvernement de la zone euro avec son propre budget et son parlement dans une tribune publiée dimanche par l’hebdomadaire Le Journal du Dimanche. « La qualité de la relation franco-allemande y a été pour beaucoup. L’esprit européen a prévalu. Mais nous ne pouvons en rester là. J’ai proposé de reprendre l’idée de Jacques Delors du gouvernement de la zone euro et d’y ajouter un budget spécifique ainsi qu’un parlement pour en assurer le contrôle démocratique », a estimé M.Hollande. Le président français a également souligné que l’Eurozone « a su cette semaine réaffirmer sa cohésion avec la Grèce ». Le 16 juillet, le parlement grec a accepté le projet de loi de réformes des créanciers d’Athènes afin d’obtenir un troisième plan d’aide accordé par le Mécanisme européen de stabilité(MES). Il s’agit d’un accord qui pourrait atteindre 86 milliards d’euros sur trois ans. Charles-Henri Gallois, responsable national de l’UPR pour les questions économiques, a commenté les déclarations du président français, en estimant que « Si on prend le budget européen, la France donne, chaque année, 22 milliards d’euros à l’Union européenne et en reçoit 14. François Hollande est complétement irresponsable du point de vue national et français, parce que si vous dites que vous augmentez ces budgets-là, comme la France a un déficit fiscal net, cela veut dire que vous augmentez ce déficit pour la France. Hollande est tellement dans l’irrationalité et dans la religion euro qu’il est prêt à aller vers plus de supranationalité et de transfert au détriment même de la France. Il a dit lors de son intervention: quand on a le choix entre le peuple et l’Europe, on a toujours choisi l’Europe. C’est aberrant pour quelqu’un qui se dit démocrate.  » D’après lui, « l’idée d’un gouvernement de la zone euro et d’un budget de la zone euro ne me paraît pas réalisable pour plusieurs raisons. Du point de vue économique, la création d’un budget de la zone euro signifie que les pays excédentaires devraient payer pour les pays déficitaires (…) Une Europe supranationale dit que c’est la majorité qui l’emporte. Mais comme personne ne décide, ce sont les Etats-Unis qui prennent les décisions pour les autres, comme dans le cas grec. »

Chute libre…

Hier, j’ai relevé un pari de taille : j’ai accompli un premier saut en parachute. Un fantasme totalement fou dont on rêve le plus souvent sans oser se lancer. En même temps, le postulat d’une telle expérience est un peu étrange : se propulser dans le vide depuis un plongeoir situé à 4000 mètres de hauteur ! Bref, en ce qui me concerne, ça s’est déroulé à l’aérodrome de Soulac. On m’a mis d’emblée dans le bain : je venais à peine d’arriver que le directeur technique m’a fait signer plusieurs décharges avertissant que ni moi ni ma famille ne peut incriminer l’association en cas de décès. Charmant, j’aurais préféré un cocktail de bienvenue. Ensuite, direction les vestiaires où j’ai enfilé mon harnais et mis mes lunettes de saut en compagnie des autres participants. Puis on est partis à bord d’un minuscule Cessna. A huit dans la cabine, on était comme des sardines dans leur boîte, presque pressées d’être mangées pour avoir un peu plus d’espace. Mais après vingt minutes de vol, on a atteint la zone de largage. Un moniteur a dit que c’était le moment d’y aller et un autre a ouvert la porte. Il était temps de sortir de sa boîte ! Un premier tandem a sauté dans le vide pour devenir en une seconde un point insignifiant. Je les ai regardés sauter, une boule dans la gorge en voyant la file d’attente fondre devant moi. Puis ça a été mon tour. Je me suis retrouvé face au vide, j’ai pris une grande inspiration et on a sauté. Comme ça, sans frioritures. Pendant les premiers instants, je n’ai pu m’empêcher de fermer les yeux. Il faut dire qu’on valsait dans tous les sens et il était difficile de dire où se trouvait la terre. Puis on s’est stabilisés et l’ivresse a été absolue. J’ai regardé le gars qui filmait et qui avait sauté juste après nous et j’ai fait un signe. On filait à 200 km/h et le vent sifflait à mes oreilles ! Soixante secondes de bonheur à l’état pur que je n’oublierai jamais. J’ai vécu de nombreuses expériences extrêmes au fil des années, mais aucune ne ressemblait à ce vol. Si vous avez le coeur bien accroché, ne restez pas bêtement au sol ! Je vous mets en lien site où j’ai trouvé mon baptême de saut en parachute à Soulac.

11899561_464434197069583_1745495606_n

Non, des réfugiés n’ont pas refusé de la nourriture non halal

INTOX.«Ils refusent les colis de nourriture non-halal ? Qu’ils crèvent !» Voilà, sur un des sites de la fachosphère française, le titre qui accompagne une vidéo qui fait le tour du Web de l’extrême droite européenne. La scène est censée se dérouler à la frontière entre la Grèce et la Macédoine. On voit des migrants agglutinés derrière des barbelés. Lorsque des policiers s’approchent, prêts à distribuer des colis de nourriture, deux hommes font mine de les chasser de la main. La foule les hue et ils font demi-tour, penauds, sous les applaudissements. Cette vidéo parue le 22 août 2015 sur un site macédonien a été abondamment relayée depuis, accompagnée d’une explication : les migrants refusent donc la nourriture au prétexte qu’elle n’est pas halal.

La vidéo semble avoir été reprise dans un premier temps sur LiveLeak.com, un site britannique de partage de contenus, qui veut «redéfinir les médias» à grand renfort de journalisme citoyen. Ce repaire de brûlots complotistes et non sourcés présente d’abord une première version des faits le 22 août, selon laquelle des «militants de l’EI déguisés en migrants refusent l’aide humanitaire», avant d’ajouter le lendemain que ces mêmes militants refusent les colis car ils craignent que le contenu ne soit pas halal. La faute au logo de la Croix-Rouge, assimilable à la croix chrétienne, selon «Grim T», l’auteur des deux billets.

À lire aussi :La Macédoine, porte d’accès à l’Union européenne

De là, la théorie se propage sur Twitter. Un premier tweet mentionne la vidéo le 23 août dans la matinée, en anglais. Il sera suivi de nombreux partages de la part de membres de la nébuleuse réactionnaire française, dont le compte officiel de Fdesouche, un blog d’extrême droite qui reprend lui aussi la soi-disant information.

Macédoine : Les demandeurs d’asile refusent les colis de nourriture offerts par la Croix Rouge car non halal !…. http://t.co/xJ9ZlyPnuP

— Fdesouche (officiel) (@F_Desouche) 24 Août 2015

Le tristement célèbre Geert Wilders, populiste d’extrême droite et député néerlandais, y va aussi de sa petite phrase, faisant tourner la vidéo, accompagnée du hashtag #ArrêtezL’InvasionIslamiste.

Gelukszoekers weigeren hulppakketten want niet halal. Ongelooflijk. Allemaal terugsturen! #stopdeislamitischeinvasiehttps://t.co/QHnXDtidZS

— Geert Wilders (@geertwilderspvv) 1 Septembre 2015

DESINTOX. Nous avons contacté la Croix-Rouge. Et John Engedal Nissen, un de ses porte-parole, raconte une tout autre histoire.

Les images, tournées le 22 août, proviennent bien de la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Les migrants refusent bien les colis qui leur sont proposés. Pourquoi ? Ce jour-là, explique le porte-parole de l’ONG, tout le personnel de la Croix-Rouge est occupé à prodiguer des soins médicaux. Sous la pluie, piétinant dans la boue, les centaines de réfugiés s’impatientent. La police prend alors l’initiative de distribuer de la nourriture. Mais le ressentiment des migrants, épuisés, en colère contre l’interdiction de franchir la frontière, est tel qu’ils tournent le dos à ces colis venant des autorités.

Rien à voir avec le halal. D’ailleurs, les colis distribués ne contenaient que des aliments respectant les interdits alimentaires de l’islam. La Croix-Rouge proposait de l’eau, des biscuits, des boîtes de conserve contenant du poisson, des sachets de thé, du sucre… Comme mentionné dans un document interne qui établit le plan d’action d’urgence de l’ONG en Macédoine à partir de fin juin (voir page 5 du PDF).

Cette version des faits est confirmée par l’auteur de la vidéo lui-même, Predrag Petrovic, journaliste macédonien, rédacteur en chef du site a1on.mk. Cité par le quotidien italien en ligne Il Post, il a ensuite confirmé à Libération la véracité des faits énoncés par le porte-parole de la Croix-Rouge, apportant quelques précisions. Selon lui, la colère des réfugiés était liée au fait que «la police macédonienne n’autorisait toutes les deux heures qu’un groupe de 200 à 300 réfugiés à traverser la frontière».

Sur le site où elle a été initialement publiée le 22 août, la vidéo était déjà accompagnée d’une légende expliquant que les réfugiés refusaient de la nourriture «après avoir passé la nuit sous la pluie sans pouvoir traverser la frontière».

Une dernière source vient confirmer cette version, et l’extrême tension entre la police et des réfugiés ne demandant qu’à franchir la frontière. Une équipe d’Itélé était également présente sur place. Le commentaire du reportage diffusé le 23 ne laisse pas la place au doute quant aux raisons du refus de l’aide alimentaire, pas plus que l’interview d’un des réfugiés, qui déclare: «pas besoin d’eau, pas besoin de nourriture, on a besoin de traverser, c’est tout».

En Macédoine, un face à face tendu entre l’armée et les migrants – Le 23/08/2015 à 11h43
 
(mise à jour de l’article le 4/09 à 10h25 avec ajout des images d’Itélé)
 

François Bayrou à l’honneur chez les radicaux

La présence de François Bayrou au congrès du Parti radical valoisien qui se tient samedi et dimanche à Aix-en-Provence, ne passe pas inaperçue dans la famille centriste. Et risque de faire jaser, ce qui n’est pas pour déplaire à Laurent Hénart, président du plus vieux parti politique français. Pour lui, cette invitation s’inscrit dans la continuité du mouvement lancé par son prédécesseur à la tête des valoisiens. «Quand Jean-Louis Borloo a créé l’UDI, il l’a fait avec la volonté de rassembler tous les centristes et, aux dernières élections européennes, il a été le premier à tendre la main à François Bayrou», constate le maire de Nancy.

Oublié donc l’appel lancé par le président du Modem à voter pour François Hollande au second tour de la présidentielle de 2012. «François Bayrou se situe bien évidemment dans le même espace politique que nous. Nous partageons le même diagnostic sur l’état de la France et des valeurs communes en particulier sur l’Europe», poursuit Hénart, patron d’une des deux composantes les plus importantes de l’UDI. «Soit nous remâchons une certaine rancœur par rapport à la présidentielle de 2012», à l’instar de Nicolas Sarkozy, «soit nous faisons tout pour gagner, unis, ensemble, en 2017», ajoute Laurent Hénart en considérant qu’«aujourd’hui, François Bayrou s’inscrit clairement dans une opposition résolue et constructive».

Mais cette invitation se veut également un message clair adressé au parti Les Républicains, allié naturel de l’UDI. Un clin d’œil très appuyé. «C’est effectivement une manière de leur dire que nous aussi, nous avons un candidat si celui qui sort de la primaire UMP ne nous convient pas totalement», reconnaît un des anciens dirigeants des valoisiens qui ne souhaite pas une nouvelle candidature de Nicolas Sarkozy. «Nous sommes totalement indépendants dans nos alliances. Nous ne sommes pas les auxiliaires naturels de LR», martèle de son côté Laurent Hénart, pour qui les primaires contribuent «à l’affaiblissement, à l’appauvrissement de l’offre politique et creuse ainsi un peu plus le lit du FN».

«Bayrou n’est jamais sorti du jeu»

Dans l’entourage du président du Modem, on se réjouit de voir dans cette invitation «peut-être le prélude à un changement de centre de gravité de l’UDI. Un cadre du parti radical ajoute : «Nous ne contribuons pas à remettre François Bayrou dans le jeu. Il n’en est jamais sorti.» Le même pousse le raisonnement de Laurent Hénart jusqu’à son terme : «C’est bien de dire que nous voulons être une force politique indépendante, bien différenciée de l’ex-UMP. Laurent sait très bien que cela passe par une candidature autonome à l’Elysée et que le seul à même de l’incarner aujourd’hui c’est Bayrou et pas Jean-Christophe Lagarde [président de l’UDI, ndlr].»

François Bayrou, qui soutient Alain Juppé dans la primaire de la droite mais qui se verrait bien sûr de nouveau concourir à l’Elysée si le maire de Bordeaux devait ne pas l’emporter, n’est pas mécontent de voir le patron des radicaux manifester sa mauvaise humeur à l’égard de Jean-Christophe Lagarde. D’autant plus que Laurent Hénart est totalement opposé à une participation des centristes à la primaire ouverte de la droite. «Si nous voulons vraiment construire une force indépendante, nous n’avons pas notre place dans ces primaires», réaffirme Hénart. Une question que Jean-Christophe Lagarde refuse, lui, toujours de trancher.

Benoît Hamon passe en primaire

Le chemin de la présidentielle est encore long. Les échéances multiples. Mais  l’élection est, déjà, dans toutes les têtes. Jeudi matin, l’ancien ministre Benoît Hamon a posé son premier caillou. Il s’est livré dans les colonnes de l’Humanité. A la question «Serez-vous sur les rangs pour la présidentielle de 2017 ?», le frondeur socialiste répond : «Oui. S’il devait y avoir une primaire à gauche, je n’exclus pas d’y participer.»

Si la plupart des dirigeants socialistes attendent de voir comment va évoluer la situation de François Hollande avant de prendre position, l’aile gauche du PS avance. Mais les positions varient. Alors que Marie-Noëlle Lienemann est, elle aussi, favorable à une primaire, d’autres préfèrent miser sur une défaite de Hollande en 2017 pour renverser la table et prendre le contrôle du PS dans la foulée. Un coup de billard à trois bandes. Une seule chose met les frondeurs sur la même ligne : difficile de soutenir François Hollande en 2017.

La question de la primaire divise toute la gauche. Cécile Duflot (EE-LV) et Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche) regardent ailleurs. Ils préparent leur candidature en solo. Pierre Laurent (PCF), Clémentine Autain (Ensemble) et certains écologistes seraient, eux, partants pour une grande primaire de l’autre gauche. En attendant, c’est le statu quo.

Et alors que de nombreuses voix appellent à dépasser le cadre des partis, citant l’exemple de Podemos en Espagne, Benoît Hamon annonce dans l’Huma la création à l’automne, avec plusieurs parlementaires, d’un nouveau mouvement «pour sublimer ce qui se passe aujourd’hui sur le terrain en matière de solidarité, d’initiative citoyenne et d’innovation démocratique». Et le socialiste d’ajouter : «Il faut sortir des grilles de lecture traditionnelles et se demander, si aux yeux des Français, le clivage gauche-droite à encore du sens. Je m’explique : pour les Français, Emmanuel Macron est un homme de gauche dans un gouvernement de gauche. En tout cas c’est comme ça qu’on l’affiche. Et Alain Juppé est un homme de droite dans un parti de droite. Pourtant, ils défendent probablement la même position sur les 35 heures ou la réforme du code du travail.»

Histoire d’une machine à fantasmes

L’affaire de Tarnac est d’abord celle d’un emballement. Ce 11 novembre 2008, alors que la France encore endormie s’apprête à célébrer l’armistice, une vingtaine de personnes sont interpellées entre Paris, Rouen et le petit village de Tarnac (Corrèze), qui va devenir en quelques heures le nouveau symbole du terrorisme intérieur. L’opération, d’une ampleur exceptionnelle, mobilise 150 policiers, dont 50 agents de la toute nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et 60 hommes de la Sous-Direction antiterroriste (Sdat) de la police judiciaire. Le premier communiqué de presse tombe peu après 8 heures, alors que les perquisitions sont toujours en cours. Le ministère de l’Intérieur annonce un coup de filet dans «un groupe d’ultragauche de la mouvance anarcho-autonome», donnant aussitôt une coloration politique à l’affaire. Selon les premiers éléments livrés à la presse, l’enquête a permis de découvrir «une trace ADN» à proximité des lignes TGV sur lesquelles des crochets ont été posés quelques jours plus tôt. D’autres empreintes digitales, en cours d’exploitation, devraient permettre rapidement de confondre les coupables – il n’en sera finalement rien. La ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, ne s’embarrasse pourtant pas de précautions d’usage en préemptant la communication sur le dossier. «Ces gens ont voulu s’attaquer à la SNCF car c’est un symbole de l’Etat, et ils savaient que leurs actes auraient un fort retentissement médiatique», déclare-t-elle au cours d’une conférence de presse improvisée dans son bureau de la place Beauvau.

«L’ennemi invisible». En l’occurrence, ce sont surtout les moyens policiers déployés et les propos tonitruants de la ministre qui vont provoquer l’emballement des médias. Pendant des mois, filatures, surveillances et écoutes téléphoniques auraient permis d’établir avec certitude «le lien entre les lieux, les heures de sabotage et l’activité d’un certain nombre de membres du groupe de Tarnac». Le ton est donné. «La longue traque des saboteurs du rail», titre le Point en déroulant le récit d’une «enquête minutieuse» qui reprendra mot pour mot la version policière. Le Figaro publie une photo «authentifiée» du crochet retrouvé à proximité des voies, évoquant des «nihilistes clandestins» devenus «apprentis terroristes de l’ultragauche».Le Nouvel Obs parle des «guérilleros du rail» tandis que Libération, qui a fait depuis son mea-culpa, titre en une : «Quand l’ultragauche déraille». Sur les plateaux télé, des experts autoproclamés pérorent sur le concept de «préterrorisme» pendant que les premiers directs s’organisent depuis le plateau de Millevaches. Des huiles de la Sdat s’interrogent sur «d’éventuels liens avec l’ultragauche allemande qui a déjà revendiqué des actions contre les trains transportant des déchets nucléaires». C’est le retour de l’«ennemi invisible», avec, en toile de fond, le spectre d’Action directe. Un cas d’école de storytelling orchestré depuis la place Beauvau et relayé complaisamment par la plupart des médias.

En réalité, la thèse policière et la com gouvernementale ne doivent rien à l’improvisation. Depuis plus de six mois, le groupe de Tarnac est sous la surveillance étroite des services de renseignement et de la Sdat. Très sensible aux «risques de résurgence violente de l’extrême gauche radicale», MAM avait elle-même demandé à ses services «le renforcement» de la surveillance de la mouvance anarcho-autonome. La ministre s’appuyait notamment sur un rapport des Renseignements généraux (RG) d’une trentaine de pages baptisé «Du conflit anti-CPE à la constitution d’un réseau préterroriste international : regards sur l’ultragauche française et européenne».

«Ratage». Place Beauvau, le retour du terrorisme est devenu une arme de légitimation politique. Ironie du calendrier : l’affaire de Tarnac prendra corps au moment même de la disparition des RG. L’interpellation de Julien Coupat et de ses acolytes est d’ailleurs le premier gros coup de la DCRI, créée quelques mois plus tôt. Ce «FBI à la française» est alors censé incarner la République irréprochable chère à Nicolas Sarkozy. Mais ses méthodes d’enquête et ses approximations finissent par fragiliser l’instruction. En 2009, François Hollande va jusqu’à évoquer un «ratage policier». La DCRI, sanctuarisée par le secret-défense, finira même par symboliser la reprise en main du renseignement par le pouvoir politique. Une évolution dont l’affaire de Tarnac reste un des exemples le plus frappants.

La droite au but

Réjouissez-vous, électrices et électeurs de droite : voici venu les temps des briseurs de tabous. Ils sont venus vous libérer des chaînes de la bien-pensance. Ils vous donneront à entendre ces terribles vérités que les gens distingués s’obstinent à taire au nom du politiquement correct. N’en aviez-vous pas assez du monotone filet d’eau tiède que vous servent les énarques parisiens ? N’est-il pas injuste que les Le Pen et leurs amis s’arrogent le monopole des fortes paroles ? Les briseurs de tabous vont vous servir de quoi étancher votre soif. Dans leur langage, en confidence, ils appellent cela du «gros rouge qui tache». Ce serait, croient-ils savoir, le breuvage préféré du peuple. C’est en tout cas ce que leur a expliqué le sommelier maurrassien Patrick Buisson, ex-conseiller de Nicolas Sarkozy.

Ainsi parlent ceux qui se targuent d’incarner la vraie droite. Ils se proclament Droite populaire avec les députés LR Philippe Meunier et Lionnel Luca, Droite forte avec l’ex-jeune frontiste Guillaume Peltier ou encore Droite sociale avec l’ancien ministre Laurent Wauquiez. Les premiers sont de grands amateurs d’apéros «saucisson-pinard», coutume empruntée aux plus radicaux des identitaires. Le deuxième groupe propose carrément de supprimer le droit de grève des enseignants et d’imposer dans les médias «un quota» de journalistes de droite. Quant à Wauquiez, il doit pour l’essentiel sa célébrité à sa mémorable croisade contre l’assistanat, ce «cancer de la société française». Ils sont tous, chacun dans leur style, les héritiers de Nicolas Sarkozy, l’homme qui mit la main sur le mouvement néogaulliste en proclamant, en 2004, l’avènement de la «droite décomplexée».

Mais soyons équitable. Il faut aussi rendre justice à un homme politique aujourd’hui un peu oublié : Jean-François Copé. Il fut pourtant le plus consciencieux et peut-être le plus doué de ces nouveaux décomplexés. De tous ses contemporains issus de la droite dite républicaine, il est, sans conteste, celui qui aura poussé le plus loin la logique du briseur de tabous. Avant le tragique accident Bygmalion, qui l’a stoppé net dans son ascension vers le pouvoir suprême, le maire de Meaux avait été, on l’oublierait presque, le chef prometteur, quoique contesté, d’un parti nommé UMP.

La console de jeux et le pain au chocolat de Copé

Quelques mois après la défaite du 6 mai 2012, alors que beaucoup avaient naïvement pris au sérieux l’annonce par Sarkozy de son retrait de la vie politique, Copé publiait chez Fayard un brûlant Manifeste pour une droite décomplexée, son programme de campagne dans la course à la présidence du parti.

Pour contrer son concurrent, le très policé François Fillon, il décide d’en faire un représentant caricatural d’une droite complexée. Copé s’autoproclame porte-parole de «tous ceux dont les souffrances et les exaspérations» sont «invisibles aux yeux du petit monde parisien» et ne font «jamais la une des journaux». Sa «droite décomplexée», il promet qu’elle sera libérée du «politiquement correct», c’est-à-dire de «cet ordre établi par la gauche bien-pensante pour assurer sa domination». Il fait le serment de ne laisser personne taire «ce que vivent les Français», surtout pas les «leaders d’opinion» calfeutrés dans leur confort intellectuel. Car les «tabous» seraient enfermés dans les cafés chics de Saint-Germain-des-Prés. Et c’est un connaisseur, Copé, fils de la grande bourgeoisie parisienne, qui le révèle.

Pour briser un tabou, rien de tel qu’une histoire édifiante, racontée à un public tout acquis à la cause de l’iconoclaste. En juin dernier, Nicolas Sarkozy a fait sensation avec sa parabole de la «grosse fuite d’eau» et du mauvais plombier. Les Républicains ont adoré. Plutôt que des fables, Copé, lui, préfère servir à son public des anecdotes certifiées authentiques, puisées dans son expérience de maire de Meaux. Ainsi cette maman courageuse, habitante d’un quartier populaire, qui élève seule son fils à qui elle a offert, «au prix de plusieurs mois d’économies», une console de jeux. Au pied de son immeuble, le gamin se fait bousculer par un jeune de la cité qui lui vole le cadeau maternel. «Si t’es pas contente, casse-toi, la Gauloise !» lui répondent les parents du voleur auprès de qui elle avait osé se plaindre. «Je sais que je brise un tabou en employant le terme « racisme antiblanc », mais je le fais à dessein parce c’est la vérité que vivent certains de nos concitoyens», écrit l’auteur du Manifeste des décomplexés.

Racisme antiblanc : le concept est tellement mobilisateur qu’il décide d’en faire le clou de son premier meeting de campagne. Le 5 octobre 2012, à Draguignan (Var), devant quelques centaines de militants enthousiastes, Copé dégaine une nouvelle anecdote : il raconte combien il partage l’exaspération de ce pauvre père d’une «famille de France» qui, rentrant de son travail, «apprend que son fils s’est fait arracher son pain au chocolat à la sortie du collège par des voyous qui lui expliquent qu’on ne mange pas pendant le ramadan». Le succès de cette histoire est considérable : les «bien-pensants» s’indignent, comme il se doit (de Libération jusqu’aux fillonistes, en passant par les associations antiracistes et le Conseil français du culte musulman), mais la vraie droite est emballée, et c’est l’essentiel. Selon un sondage TNS Sofres pour i-Télé paru quelques jours plus tard, 84 % des sympathisants UMP partagent «la conviction de Copé sur le racisme antiblanc».

Le thème si porteur du racisme antiblanc, l’extrême droite en a fait son cheval de bataille depuis plusieurs décennies. Dans les années 70, alors que fleurissaient, à gauche, les mouvements antiracistes, le théoricien de la nouvelle droite Alain de Benoist avait trouvé la parade. Le «pire des racismes» n’était-ce pas le racisme antifrançais et le racisme antiblanc véhiculé par les jeunes gauchistes, obsédés par la dénonciation du passé colonial ? La littérature d’extrême droite regorge de «révélations» sur les crimes innombrables que «le système» présente comme de simples faits divers, alors qu’ils relèvent du racisme antiblanc. En 2003, sur RMC, alors qu’on lui demande s’il regrette ses dérapages («Durafour crématoire», les chambres à gaz comme «point de détail»), Jean-Marie Le Pen se défend : «En quoi suis-je raciste ? Je ne m’interdis pas de dire qu’un Noir est noir. […] Il y a un racisme plus important, celui dont on ne parle pas, c’est le racisme antiblanc, dont sont victimes les Français de souche.» On comprend mieux, dès lors, ce que Copé veut dire quand il parle de briser un tabou. Il s’agit de reprendre délibérément, et de manière «décomplexée», les thèmes qui auront démontré, grâce au FN, leur efficacité électorale.

Buisson et l’identité nationale

L’ancien directeur de Minute Patrick Buisson fut, on l’a vu, le grand théoricien de cette stratégie. C’est lui qui avait soufflé à Sarkozy la création d’un ministère de l’Identité nationale. L’élection présidentielle de 2007 a montré que cette stratégie pouvait être payante : Sarkozy, candidat de la droite décomplexée, avait effectivement taillé des croupières à Jean-Marie Le Pen. Parce qu’il ne fallait pas s’arrêter en si bon chemin, une autre idée avait germé en 2009 : au-delà du ministère, la question de l’identité nationale devait être débattue partout en France, dans toutes les préfectures. Et là encore, pas de tabous : «Je veux du gros rouge qui tache», avait lancé Nicolas Sarkozy à ses lieutenants, alors qu’approchaient des élections régionales lourdes de menaces. L’ancien chef de l’Etat a été servi. Stimulés, à l’époque, par le retentissant «non» suisse à un référendum sur les minarets, ses supporteurs ne se font pas prier. Les tabous tombaient comme des mouches. A Verdun, un maire UMP sortant d’un débat à la sous-préfecture de la Meuse résumait ainsi son point de vue sur l’immigration devant une caméra de télévision : «Ils sont déjà 10 millions payés à rien foutre, […] il est plus que temps de réagir, sinon on va finir par se faire bouffer.» Victime de son «succès», le débat sur l’identité nationale devra être arrêté en catastrophe.

Cinq années plus tard, la rhétorique décomplexée prospère à tous les étages. L’hebdomadaire Valeurs actuelles est loin d’être le seul à marteler de façon obsessionnelle sur «ce que l’on n’ose pas dire» sur l’immigration et sur l’islamisation rampante de la société. De quoi consoler peut-être le reclus Patrick Buisson, infréquentable depuis qu’a été révélée sa manie de l’enregistrement clandestin. A l’image d’Eric Zemmour ou d’Ivan Rioufol, une cohorte de maîtres de la pensée décomplexée affirme que l’identité collective se dissout sous les coups de boutoir du communautarisme et que tel devra être «le» sujet de 2017. Ceux qui refusent de «nommer les choses» au motif qu’elles seraient dérangeantes, les Juppé, Fillon et autres Baroin, enfermés dans leurs tabous, sont appelés les «dénégationnistes». Dans la jeune génération, on se bouscule pour reprendre le flambeau lâché en pleine course par Jean-François Copé : entre les trentenaires Laurent Wauquiez et Guillaume Peltier, deux poulains de Patrick Buisson, c’est à qui sera le plus décomplexé.

Wauquiez et le «gouffre»

Après avoir débuté en politique dans le sillage démocrate-chrétien et pro-européen de son premier mentor Jacques Barrot, Wauquiez a fait une entrée tonitruante dans la confrérie des briseurs de tabous en 2012, avec sa charge contre l’assistanat. Depuis, il n’a de cesse de s’inquiéter du «gouffre» qui se serait creusé entre les Français et leurs élus. En septembre 2014, on avait quelques raisons de le voir rallier, avec armes et bagages, le revenant Sarkozy. N’avait-il pas été particulièrement sévère en 2013 dans son jugement sur le bilan de l’ancien chef de l’Etat, auteur de «réformettes» qui n’avaient absolument rien débloqué dans «un système sclérosé» ? Un an plus tard, changement de ton : la France a besoin de Sarkozy et de sa «capacité à secouer les tabous».

Peltier, lui, proclame urbi et orbi que la société est en voie de «droitisation» et que les vrais sarkozystes doivent accompagner ce mouvement. «Sous la pression populaire», il annonce la fin d’une vieille division du travail dans laquelle la droite, en charge de la gestion et des questions économiques, aurait abandonné à la gauche les médias et le pouvoir intellectuel. Grâce à l’explosion de ce «Yalta des élites», voici donc, selon Peltier, la droite enfin débarrassée des tabous qui verrouillaient son corpus doctrinal.

Chirac et l’«overdose» d’étrangers

Comme souvent, le leader autoproclamé de la «génération Sarkozy» se pousse un peu du col. Car, en vérité, les dirigeants de la droite n’ont pas attendu Guillaume Peltier, ni même Patrick Buisson pour s’offrir, à l’occasion, des séances de chasse aux tabous. Aujourd’hui célébré comme un républicain impeccable, Jacques Chirac avait fait très fort le 19 juin 1991. Alors maire de Paris, il présidait un dîner-débat réunissant près d’un millier de militants et sympathisants (Edith Cresson avait été nommée quelques semaines plus tôt Premier ministre de François Mitterrand). Entre fromage et dessert, il s’était lancé, à propos de l’immigration, dans un développement digne d’un Le Pen au mieux de sa forme. «Notre problème, ce n’est pas les étrangers, c’est qu’il y a overdose. […] Il faut mettre un moratoire au regroupement familial», avait martelé le chef du RPR. L’occasion pour lui de lancer ce qu’il appelait «un vrai débat moral» : «Est-il naturel que des étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d’une solidarité à laquelle ils ne participent pas, puisqu’ils ne paient pas d’impôts ?» Pour bien se faire comprendre, il y était allé de sa petite histoire édifiante, comme le fera vingt ans plus tard son disciple Copé : il évoquait «le travailleur qui habite à la Goutte d’or et travaille avec sa femme pour gagner environ 15 000 francs».«Sur son palier d’HLM, ledit travailleur voit une famille entassée avec le père, trois ou quatre épouses et une vingtaine de gosses, qui touche 50 000 francs de prestations sociales sans, naturellement, travailler. […] Si vous ajoutez à cela le bruit et l’odeur, le travailleur français, sur le palier, il devient fou. Ce n’est pas être raciste que de dire cela», avait conclu Chirac, déclenchant une franche hilarité, exactement comme Sarkozy avec sa fuite d’eau. La chute du tabou a manifestement un effet comique sur le militant de droite. Le lendemain, Chirac s’étonnait que de tels propos puissent faire scandale : «Je ne suis pas suspect de sympathie à l’égard de M. Le Pen. Je ne vois pas en quoi il aurait le monopole de souligner les vrais problèmes.» Il est vrai qu’à l’époque, ce «monopole» était vigoureusement contesté. Pour ne pas laisser les néogaullistes chasser seuls sur les terres frontistes, le sénateur Michel Poniatowski, président d’honneur du Parti républicain, démontrait, dans le Figaro, qu’il était capable d’aller «plus loin» que Le Pen. Préférence nationale à l’embauche, suppression du regroupement familial et des allocations familiales, expulsion des étrangers chômeurs, etc. L’ex-ministre de Giscard n’y allait pas de main morte. Il proposait même de «réexaminer» la naturalisation des étrangers devenus français sous Mitterrand.

Elections après élections, la démonstration sera faite que la droite dite «républicaine» profite rarement de cette course endiablée derrière le FN. Dans cet exercice, nos nouveaux briseurs de tabous paraissent presque timides, comparés à leurs aînés. Ils n’ont, en tout cas, rien inventé. Ni rien appris.

Demain : les superstitions théâtrales

Jean-Marie Le Pen : «En quatre ans, Marine ne s’est pas améliorée»

Jean-Marie Le Pen ne décolère pas. Dans une interview accordée au Journal du dimanche, le fondateur du Front national s’en est encore pris à l’actuelle présidente du parti d’extrême droite, sa fille Marine Le Pen, avec qui la guerre fait rage depuis maintenant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Il regrette notamment d’avoir voté pour elle lorsqu’elle a accédé à la présidence du FN, en 2011. «Ce choix s’est exercé il y a quatre ans entre deux candidats de valeur [Marine Le Pen et Bruno Gollnisch, ndlr]. J’ai choisi Marine Le Pen au bénéfice de l’âge et de la santé. En quatre ans, il faut bien dire la vérité, elle ne s’est pas améliorée.»

Menacé d’exclusion par le bureau exécutif du FN, qui l’a convoqué le 20 août, Jean-Marie Le Pen a décidé de lutter jusqu’au bout. Et donc de répondre à cette convocation. «Je ne vais pas faire le cadeau aux membres […] désignés par Marine Le Pen de pouvoir s’exprimer sans me regarder dans les yeux», s’amuse-t-il dans le JDD. Puis, moins déridé, il s’énerve lorsqu’on lui demande son avis en cas d’exclusion. «C’est comme sous la Terreur ! C’est 1793 ! Vous connaissez à l’avance les décisions du tribunal révolutionnaire ? Il est vrai que Saint-Just [comprendre Florian Philippot, vice-président du mouvement, ndlr] siège parmi les « juges » nommés par Marine Le Pen. Je suis victime d’une injustice majeure, non seulement moi, mais aussi le Front national. Donc je me battrai jusqu’à la victoire du droit, de la justice, de la légalité.»

En revanche, Jean-Marie Le Pen le dit sans hésiter : «Sans changement, je ne voterai pas pour Marine en 2017.» Et d’expliquer son choix. «Elle affiche l’ambition d’être un jour chef de l’Etat, mais elle n’en prend pas les moyens. Ni les moyens éthiques ni les moyens politiques. Elle scie la branche sur laquelle elle est assise, avec des procédés qui révulsent même ses adversaires.»

L’ancien président du Front national continue aussi de penser que Florian Philippot, qu’il qualifie de «mauvais génie» de sa fille, est pour beaucoup dans sa situation actuelle et celle du parti. Au point de suggérer qu’il pourrait rouler pour Nicolas Sarkozy. «C’est une des hypothèses. Il ne faut pas oublier que M. Philippot était au ministère de l’Intérieur.» Selon lui, «l’évolution nouvelle de la ligne du FN dégage […] un espace à la droite dure et cela favorise en effet Sarkozy. Lui, il entre dans la brèche. On connaît ses qualités de manœuvrier.»

A Paris

Lundi dernier, j’ai suivi un meeting à Paris qui m’a fait pas mal cogiter. Je vais donc vous faire part de mes réflexions et vous parler aujourd’hui, non de ce meeting-là, mais de ces événements en général. Pour commencer, précisons que j’en ai suivi un si grand nombre au cours de ma carrière que je ne pourrais me rappeler de la majorité d’entre eux. Je suis donc passé expert en la matière, même si contraint et forcé. Si je ne prétends pas remettre en question les mérites théoriques de ceux-ci, j’ai quand même pu remarquer deux problèmes répétitifs, que les employeurs gagneraient vraiment à résoudre. Un premier problème, plus fréquent qu’on ne le pense, est de préférer la quantité à la qualité. Cela se traduit en général par un employeur qui veut à tout prix organiser un séminaire d’une semaine à l’étranger quand il n’a qu’un budget pour à peine la moitié. Et pour l’avoir personnellement vécu un paquet de fois, je peux vous certifier qu’il est préférable de vivre comme des pachas pendant trois jours au Maroc et de participer à des animations inoubliables, plutôt que d’y languir pendant une semaine dans des conditions déplaisantes ! Parce qu’alors, le sentiment des collaborateurs est très partagé, dans le second cas (et c’est un doux euphémisme) ! La deuxième boulette, récurrente elle aussi, consiste à vouloir mettre le paquet (j’utilise ici l’expression même qu’employait souvent mon ancien responsable). Parce qu’ils sont fans de telle activité (ce qui ne veut en aucune manière dire que les collaborateurs le sont), les dirigeants proposent par conséquent souvent des activités mécaniques, qui rongent non seulement le budget du séminaire mais ne fournissent en plus pas vraiment de plus-value. Les activités sont donc époustouflantes, mais restent ce qu’elles sont : des activités solitaires, qui n’engagent pas vraiment à resserrer les liens entre collaborateurs. Et en matière de cohésion d’équipe, j’ai suivi des meetings bien plus instructifs où l’on se satisfaisait d’une chasse au trésor à vélo. Mais ça, c’est parfois très difficiles à faire comprendre aux décisionnaires. Cependant, il faut aussi préciser que certains meetings se passent bien, et celui que j’ai suivi à Paris en est le meilleur exemple ! Suivez le lien pour le lien pour l’organisateur de notre séminaire à Paris.

11372161_824635487644694_1251452464_n